Hayden hésitait…

Pour tout dire, cela faisait depuis décembre qu’il hésitait. Non pas qu’il ne ressentait aucune émotions, simplement que d’autres avait pris le dessus et qu’il avait eu beaucoup de mal à redresser la barre. Les derniers événements ne lui laissaient pourtant plus vraiment le choix et Hayden ne voulait plus continuer d’éviter simplement la rencontre. Penny méritait bien mieux que ça et il n’avait pas été à la hauteur. Alors il était là, planté en face de l’Irish Kiss Corner en attendant une intervention divine ou simplement un peu de courage. De l’autre côté de la route, un peu en décalé pour ne pas se faire voir, il était là et observait la serveuse en silence. Il l’a voyait parfois derrière la grande baie vitré du pub servir l’un ou l’autre client. Elle semblait fidèle à elle-même, le sourire aux lèvres et la conversation plutôt facile avec les clients. Hayden s’était demandé un instant si personne ne finirait par appeler la police pour comportement suspect mais manifestement les gens avaient mieux à faire que de le regarder lui.

Soupirant, il se passa une main dans la nuque pour en chasser la tension. Que pourrait-il bien lui dire d’ailleurs ? Qu’il était désolé de ne pas être revenu et de ne pas avoir donné de nouvelles ? Ce qui était sûr, c’est qu’elle risquait de ne pas être très contente de le voir. Sans doute serait-elle aussi en colère. Mais toutes ces réactions seraient justifiés, il ne pouvait pas le lui reprocher ! Soudain, la porte du pub s’ouvrit et Penny apparut sur le trottoir. Elle semblait fatiguée. Se raclant la gorge, il tenta de rassembler tout son courage pour aller lui parler. Enfonçant ses mains dans ses poches pour se donner une contenance, il quitta son coin de rue pour traverser la route et rejoindre la jeune femme.

- Salut…

Lui qui s’était attendu à plein de choses ne s’était pas vraiment préparé au sourire de Penny. A vrai dire, peut-être s’était-il simplement fait de fausses idées sur… sur quoi d’ailleurs ? Evacuant soudain son trop plein de stress et de questionnement, il se contenta de sourire à Penny en retour. Sans doute avait-elle d’autres chats à fouetter et bien plus intéressant que lui ! Se passant une main dans les cheveux, il haussa les épaules.

- Pas grand-chose et toi ?

Ils avaient plusieurs sujets à aborder tout les deux et Hayden ne savait pas trop bien par quel bout commencer. Il y avait ce qu’il c’était passé, mais il y avait aussi les disparitions et puis les découvertes qu’il avait fait avec Andrea et enfin ce qu’il s’était passé sur le Tor avec Kellen… dont il n’avait pas eu de nouvelles d’ailleurs depuis leur petite aventure.

- Il faudrait qu’on discute un peu toi et moi. Tu as du temps à m’accorder?

C’était sans doute un peu déplacé d’avancer les choses de cette manière mais il fallait bien commencer quelque part. Après tout et en dehors de tout autre chose, Penny lui avait dit qu’elle était son amie. Et il pouvait arriver parfois que les amis s’éloignent et se retrouvent. Hayden n’avait pas vraiment d’excuses et il ne s’en cherchait pas. Etrangement, les longues soirées de méditations et d’introspections lui avait valu de comprendre un peu mieux certaines réactions de son père. Et il commençait doucement à accepter qu’une vague ressemblance puisse exister. Un sourire en coins, il plongea son regard d’azure dans celui de Penny.

- Et je suis sûr que ça va t’intéresser !

Lui tendant une main comme pour l’inviter à le suivre, Hayden lui souriait comme il n’avait jamais sourit qu’à elle. Si certaines choses devraient être éclaircies, d’autres restaient pourtant évidente. L’intérêt qu’il portait à Penny ne s’était pas envolé et il avait souvent pensé à elle. Quand bien même cela ne serait pas réciproque, Hayden était prêt à se contenter de cela encore un peu.

Quand elle accepta sa main, il sourit de plus belle. Lui emboitant le pas vers le marché, Hayden n’aurait sans doute rien demandé de plus que l’instant présent. Evidement cela ne suffirait pas il en était bien conscient. Tournant la tête vers Penny, il chercha un instant son regard avant de répondre.

- De plein de choses… J’ai de nouvelles informations concernant les disparus. Et j’ai vue des choses très étranges et très prenantes à la fois.

Hayden haussa un instant les épaules.

- Mais je ne suis pas très sûr de bien comprendre ce qu’elles signifient. Mais toi tu saurais peut-être m’aider ?

Hésitant un instant, il finit par poursuivre d’une voix basse.

- Et puis je voulais m’excuser aussi… De ne pas être revenu… Tu m’avais dis que je pouvais tout te raconter et que ça me ferait sans doute du bien. Mais il c’est passé des choses un peu trop lourde à porter je crois…

Détournant le regard un instant, il s’arrêta soudain en fixant le bout de ses chaussures.

- Si ta proposition tiens toujours, je crois que j’aurais vraiment besoins d’une amie à qui parler. En fait surtout de toi…

Soupirant, il évacuait enfin tout ce qu’il avait emmagasiné ces dernières semaines. Depuis que Marie était partie, il n’avait jamais était aussi seul. C’était une situation qu’il n’avait pas choisit, contrairement à tout le reste et les mots que Penny lui avaient dit en décembre prenaient enfin tout leurs sens. Il ne voulait plus de cette vie là. Qu’Isis revienne ou non ne changerait plus rien. Il ne voulait plus être l’homme froid et insensible qu’il s’était obligé à devenir. Ce n’était pas ça sa véritable nature !

Hayden était rentré chez lui la tête vide de tout. A trop réfléchir, il avait finit par s’asphyxier lui-même. Quand il avait franchit le seuil de sa port, le silence de la maison l’avait renvoyé à son quotidien et il réalisa soudain qu’il avait invité Penny dans une maison laissé quasiment à l’abandon. Le silence omniprésent de la demeure familiale ne le dérangeait plus vraiment, mais il y faisait froid et l’intérieur commençait à sentir le renfermé. Il ne faisait que passer bien souvent. Soupirant devant le travail qu’il lui restait à faire, Hayden remonta ses manches et entreprit de rendre la maison présentable. Ouvrant les fenêtres, il fit le gros des poussières et décrassa le vieux tourne disque du salon avec un air de Beethoven. Le morceau préféré d’Isis. Quand l’ensemble devint présentable, Hayden entreprit de réchauffer l’atmosphère et il alluma un feu dans l’antique cheminée de la pièce. Le temps qu’il prépare le repas et qu’il revienne avec Penny la maison aurait retrouvé toute sa chaleur et son ambiance accueillante.

Une bonne heure et demi avait passé et il était temps de songer au repas. Il ne comptait pas en faire trop et puis de toute manière il n’était pas vraiment un chef en cuisine, mais il voulait faire plaisir à la jeune femme et lui montrer qu’au fond et quoiqu’on puisse en dire, il n’était pas simplement un fils de bonne famille qui ne savait que mettre les pieds sous la table. Laissant mijoter doucement ses plats, il dressa sa table dans la salle à manger attenante au salon. C’était une pièce chaleureuse, comme le reste de la maison. Un grand tapis oriental recouvrait le parquet parfaitement entretenu et de nombreux tableaux et objets, vestiges des voyages d’Isabelle, ornaient les murs de la pièce. Deux couvert pour un diner en tête à tête, des verres à pieds pour le vin qu’il avait sortie de la cave et une rose blanche dans un vase en bout de table, souvenir d’une autre époque. Une bougie au centre, n’attendait plus que d’être allumé.

Les points sur les hanches, Hayden était plutôt satisfait du résultat. Rien de trop ni de trop peu, un pot pourrie d’agrumes terminait le tableau qu’il avait tenté de dresser. Jetant un œil à l’antique horloge qui siégeait dans un coin de la pièce, Hayden se rendit compte qu’il ne tarderait pas à être en retard. Filant à l’étage, il prit une douche en vitesse, s’habilla en conséquence et vérifia une dernière fois ces petits plats. Tout serait prêt pour leur retour ! Jetant un coup d’œil critique à son reflet dans le couloir d’entrée, il estima qu’il était prêt. Une belle chemise fraichement repassé sur un jeans élégant, ses chaussures de ville noire cirée et sa veste en cuire sur l’épaule, il se demanda un instant si Penny n’allait pas croire qu’il lui faisait un plan drague de seconde zone… Soupirant, il lissa une mèche de cheveux avant de prendre ses clés de voiture et de prendre la route.

Arrivée à l’Irish Kiss Corner, Hayden avait hésité avant d’entrée puis c’était finalement décidé. Harry était là, c’était bien sa veine. Il ne s’était pas vue depuis un moment et lui dire qu’il était venu chercher sa colocataire pour l’emmener diner et bien… Ca ne l’enchantait pas vraiment ! Sachant qu’il ne pouvait pas vraiment l’ignorer, il était allé le saluer poliment, lui signalant qu’il faudrait qu’ils se revoient très vite. Il avait ensuite rejoins le bar où il s’était installé en attendant la jeune femme. Il ne savait pas vraiment si elle travaillait encore ou bien si elle était partie se changer, ce qui était sûr c’est qu’il pianotait nerveusement sur le comptoir en attendant une nouvelle intervention divine. Mais c’est Shahid qui était venu le voir, lui demandant ce qu’il venait faire ici. Hayden avait simplement répondu qu’il attendait Penny et avait du supporter le regard étrangement perçant du barman avant qu’il ne disparaisse en arrière salle.

Quand Penny arriva quelques minutes plus tard, elle ne le vit pas tout de suite ce qui lui laissa le temps de s’en remettre. Elle était apparue là, comme ça, vêtue de sa jupe, ses cheveux roux domestiqués sans son eternel bonnet et ses yeux légèrement maquillé. Sortant de la chaise haute sur laquelle il était installé, Hayden souffla un coup pour se donner une contenance et s’approcha de la jeune femme. Quand elle le remarqua enfin, il lui sourit comme il savait si bien le faire. Si la jeune femme voulait le séduire ce soir, elle n’aurait pas grand-chose à faire car il était déjà conquis.

- Tu es très belle Penny.

Lui tendant le bras pour qu’elle l’accompagne, il désigna la sortie d’un geste de la tête.

- Ma voiture est dehors et j’ai l’impression que Shahid me regarde vraiment bizarrement, il vaudrait mieux que nous partions tout de suite !

A vrai dire ici tout le monde le connaissait plus ou moins tout comme il connaissait plus ou moins Penny. De se retrouver là comme ça au milieu de toutes ces paires d’yeux le mettait franchement mal à l’aise…

- Je te prépare ça ! Fais comme chez toi surtout !

La maison des Walsh c’était en dehors du monde. Un autre monde créé de toute pièce par Isabelle pour y rêver et y faire ce que l’on voulait. C’était sa façon de vivre et de voir les choses. Dans le vaste salon, il y avait une bibliothèque très imposantes avec des ouvrages sur tout les sujets culturels et littéraires possibles, de vieux romans ou des récents qu’Hayden avait ajouté. Dans un coin un peu plus reculé, il y avait un vieux billard aux senteurs de cigares et sur les murs des tableaux de grands peintres romantiques ou impressionnistes. Il y en avait pour tous les genres et pour tous les goûts. Un endroit où l’on pouvait se retrouver facilement pour parler de tout et de rien. La famille Walsh n’avait jamais était moyenâgeuse ou à contre temps du modernisme, une télé dernier cris siégeait également proche de la cheminée et des confortables fauteuils en cuir.

Alors qu’il préparait un petit bol de cacahuètes et autres amuses gueule, il servit deux verres et posa l’ensemble sur un plateau. Ouvrant le four, il jeta un œil as son plat avant de rejoindre le salon plutôt satisfait. A contrario du salon, la cuisine est plus que moderne et envahit par les autocuiseurs, mixeur et autre ustensiles INDISPENSABLE selon Marie… Les grands chefs en auraient sûrement mangé leur toque !

Quand il entra dans le salon, Penny se tenait à côté du tourne disque. Elle semblait bien pensive et n’avait pas vraiment fait attention à son arrivé. Immobile un instant, il se fit à nouveau la réflexion qu’elle était vraiment très belle et que lui était sans doute un bien bel imbécile d’imaginer quoique ce soit. Un air des Beatles grésillait doucement dans le salon et le feu de cheminée rendait l’atmosphère très agréable. Se raclant la gorge pour signaler sa présence, il posa le plateau sur la table basse du salon.

- Viens t’assoir je t’en pris.

Lui indiquant un siège d’une main, il s’assit en face d’elle et lui tendit son verre tout en prenant le sien.

- Je ne sais pas vraiment si nous avons à trinquer pour quoique ce soit, donc à défaut, je te remercie de m’accorder un peu de ton temps !

Décidant qu’il était sans doute plus sage et plus facile de commencer sur un terrain neutre, Hayden but une gorgé avant de poursuivre.

- J’ai revue Andrea Wilkes récemment. Nous avons mis quelques une de nos recherches en commun et nous pensons avoir trouvé quelques choses… Andrea a vue des hommes qui portaient des tatouages sur les bras et qui feraient partis des ravisseurs. Il y avait des femmes aussi avec des croissants de lune tatoué sur le front. En regardant dans les livres concernant les anciennes religions, nous avons découvert qu’il s’agissait de druides… Un groupe de fanatique peut-être ? Accro aux vieilles légendes… Tu en vois passer toi du monde à l’Irish… Ça ne te dis rien ?

A son étonnement, quand il parla des disparitions, Penny sembla perdre un peu de son sourire. Lui qui ne voulait pas brusquer les choses avait encore mis les pieds dans le plat et manifestement ce n’était pas ce que la jeune femme voulait entendre. Quand Penny évoqua les moonligth ladies, Hayden leva les mains en signe d’apaisement.

- Toute cette histoire n’a rien à voir avec elles. Je suis allé voir Kellen à plusieurs reprises et nous avons parlé. Elle m’a même appris deux ou trois trucs à elle…

Hayden pouffa de rire à l’évocation des séances de réflexion et de concentrations qu’elle lui avait infligé.

- Andrea est sûr de ce qu’elle a vue et je lui fais confiance. C’est autre chose encore. Enfin si tout cela ne t’évoque rien ne perdons pas notre temps avec ça !

Hayden avait sentie son agacement à l’évocation d’Andrea et il se demanda un instant si cette dernière ne la rendait pas un peu jalouse. De quoi il n’en savait rien mais les sentiments féminins lui étaient parfois bien incompréhensibles ! Laissant planer le silence quelques secondes, il finit par sourire à Penny. Avalant une nouvelle gorgée, il finit tourbillonner le reste au fond de son verre comme pour se donner le temps de trouver ses mots. Puis finissant par se décider, il releva la tête vers Penny, cherchant à croiser son regard, un sourire un peu contrit sur le visage.

- Quand je t’ai laissais chez Harry en décembre, c’était pour aller au cimetière. C’était l’anniversaire de la mort de ma mère.

Jetant un œil à l’arbre généalogique qui trainait au dessus de la cheminé, il songea un instant à ce qu’aurait pu être sa vie en d’autre circonstances. Aujourd’hui encore, il n’avait pas réussit à démêler le faux du vrai.

- Charles…

Hayden s’avisa que Penny ne savait peut-être pas de qui il s’agissait.

- Mon père était là aussi. Nous n’avons jamais était en très bon termes et je pense que j’aurais vraiment pu péter les plombs ce soir là. Mais il m’a dit quelque chose que je n’arrive toujours pas à concevoir même si c’est ce que j’ai toujours voulu entendre.

Hayden inspira profondément avant de poursuivre d’un ton neutre dans lequel il cherchait la contenance qui lui manquait.

- Il m’a dit que la tombe devant laquelle je me recueillais était vide, que ma mère n’était pas morte et que l’ensemble de ma vie n’était bâtie que sur un mensonge… Marie est partie poursuivre ses propres chimères et Isis est toujours dans la nature. Jusqu’à présent j’avais toujours eu le choix de faire ce que je voulais de ma vie. Mais pour la première fois, je me suis retrouvé obligé d’accepter le silence de cette maison et la solitude d’y vivre seul.

Hayden regarda un instant ses mains, un peu désemparé, avant de chercher à nouveau le regard de Penny.

- Tu avais raison et j’avais tord. Je ne suis pas fait pour le mode de vie que je me suis imposé. Je suis désolé de ne pas être revenu ce soir là ou un autre soir. Mais plus le temps à passé et plus je craignais de t’importuner. Après tout, on ne s’était rien promis et je ne voulais pas m’imposer. Ce n’est pas une excuse je le sais bien, tout comme mes histoires de familles. Ce que je veux dire c’est que je ne voulais pas de faire de peine ou te décevoir, parce que je t’aime bien Penny. Et j’ai vraiment apprécié la soirée que nous avons passée ensemble. Et j’aimerais vraiment pouvoir profiter d’autres moments avec toi…

Etais ce enfin l’heure de cette intervention divine qu’il avait sollicité toute la journée ? Toujours était-il qu’à la fin de son petit discours et comme un glas salvateur, la minuterie du four résonna et Hayden en bondit presque de son fauteuil.

- Je crois que c’est le moment de passer à table !

Quand Hayden avait atteint la cuisine, la minuterie avait cessé. Éteignant le thermostat, il s’appuya ensuite les deux mains sur le plan de travail réalisant à peine ce qu’il venait de faire. Comment cela avait-il pu arriver ? Jamais encore il n’avait autant parlé en une seule fois et jamais encore il ne s’était ainsi ouvert à quelqu’un. Ouvert n’était pas le mot juste, il avait assaillit Penny de choses dont elle ignorait même jusqu’à l’existence et il n’était plus parvenu à s’arrêter comme si toutes ces choses emmagasiné depuis tellement longtemps ne pouvait plus que sortir, sortir et rien d’autre. En d’autres temps, en d’autres lieux, il aurai sans doute tapé dans un mur ou crier un bon coup pour sortir toute cette frustration mais non c’était tombé sur Penny…

Il n’était qu’un pauvre idiot dans la situation la plus idiote du monde et la jeune femme devait sûrement le détester à l’heure qu’il est. Voilà pourquoi il n’avait jamais voulu s’investir dans rien. Il ne savait pas y faire avec les autres ni avec ses propres sentiments. Tout enfouir était tellement plus facile. Sortir avec une femme pour un soir ou deux n’entrainnait aucune implication ni aucune prise de risque, là c’était différent et il avait tout gâché. Quand Penny entra dans la cuisine, il l’a senti se rapprocher d’elle mais il n’eu pas le courage de faire face cette fois ci. Elle ne semblait pas en colère mais parfaitement désemparé. Probablement bien plus que lui à vrai dire.

Se retournant vers elle, il vit le doute dans le regard de la jeune femme mais aussi le doigt accusateur qu’elle plantait sur lui. Quand elle parla de faciliter les choses, Hayden cru que cette fois ci tout était finis pour lui. Il ne quittait plus son regard, son visage n’exprimant aucune émotion particulière, patient simplement en attendant la sentence et la conséquence de ses paroles. Mais ce ne fut pas une sanction qu’elle lui asséna mais un espoir qu’elle lui offrit. Il réalisa soudain à quel point chaque jour de sa vie était obscurcit par ses doutes, ses angoisses et ses quêtes incessantes de vérités. Depuis combien de temps n’avait-il pas simplement savouré un jour passé à ne rien faire ? A écouter un son grésillant toute une après midi sortir du tourne disque pendant qu’il lisait un bon livre et sirotait une tasse de thé ?

Se rapprochant de Penny, il lui prit la main tout en cherchant son regard. Ne plus parler ? Ne plus rien dire ? Très bien…

- Alors embrasses moi avant que je ne dise encore quelque chose de stupide…

Quand elle s’approcha de lui, Hayden lui sourit et le contact de ses mains sur son visage le rassura, ses mots aussi. Se laissant faire, il glissa tout de même un bras dans le dos de la jeune femme alors qu’elle se mettait sur la pointe des pieds et qu’elle l’embrassait. Des baisers, des femmes, des dîners il en avait connu bien trop sans doute. Mais il n’y avait rien de comparable à ce que Penny parvenait à faire de lui. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Non pas que ça lui déplaise, bien au contraire, mais ils étaient voisins depuis toujours alors pourquoi tout d’un coup le voile était levé ? Le hasard rendait les choses parfois bien étranges mais il préféra laisser ça de coter. Quand leurs lèvres se séparèrent et qu’il retouchait lentement terre, Hayden passa sa main libre sur la joue de Penny tout en souriant d’un air malicieux.

- Si c’était moi qui faisais toujours tout le travail… Ca ne serait pas aussi amusant !

Volant un baiser à Penny, il se retourna ensuite vers le four qu’il entrouvrit pour y jeter un œil.

- Il est temps de s’installer à table mademoiselle, la haute gastronomie n’attend pas et ne souffrirait de devoir être réchauffé au micro onde ! La salle à manger et à droite en passant par le salon, je te laisse t’installer !

Pendant ce temps Hayden sortie son plat du four et une petite corbeille de pain avant de rejoindre Penny. Déposant son plat sur la table, il sourit à la jeune femme alors qu’il lui présentait ses talents culinaires.

- Rôti de veau et ses petites pommes de terre de saisons et haricots. J’espère que tu aimes…

En fait il ne connaissait pas les gouts de Penny. Si pour sa part il appréciait la bonne cuisine, c’était essentiellement parce que Marie était un véritable cordon bleu et lui avait toujours aimé l’aider quand il était plus jeune. Normalement, il n’avait pas prit trop de risques… Avec lui, il avait apporté une bouteille de très bon vin ainsi que de l’eau.

- Dits moi ce que je te sers !

Quand Penny se moqua gentiment de lui en lui demandant s’il s’était donné la peine de tout préparer, Hayden pinça les lèvres d’un air faussement vexé.

- Qu’est ce qui t’étonnes là dedans ? Un Walsh se doit d’être le plus fonctionnel possible et j’ai eu un bon professeur !

Souriant devant l’exubérante envie de Penny, Hayden lui servit une assiette généreuse pour au moins deux personnes. Après tout, elle mourrait de faim ! Se servant à la suite, il finit par remplir leurs verres avant de s’assoir. Lui souhaitant un bon appétit, il attaqua lui-même son assiette avec entrain. Pour dire la vérité, c’était la première fois depuis des semaines qu’il mangeait autre chose des plats cuisinés et si Penny avait fouillé son frigo, elle n’aurait trouvé que des emballages sous vides digne d’un étudiant sans le sous. C’était étonnant à quel point une seule personne pouvait vous redonner le goût à beaucoup de choses !
Quand Penny reprit la parole, Hayden resta un instant pensif. Se grattant le menton du bout des doigts, il plissa le front de concentration…

- Et bien je pourrais mettre les pieds sous table… Profiter de mon temps… Et te regarder faire tout le boulot ! Ce n’est pas ce que font les hommes non ?

Incapable de garder son sérieux, Hayden s’esclaffa tout en dévisageant Penny de ses yeux perçant.

- Je sais bien ce qu’on dit sur moi et ma famille en ville Penny. Mais si tu commences à croire tout ce qu’il se raconte sur mon sujet tu n’en finiras plus de te poser de fausses questions !

Hayden soupira en haussant les épaules, le sourire toujours sur les lèvres.

- Rien n’est à moi ici… Isis et moi ne sommes que des squatteurs tolérés. Si mes parents sont issus de familles bourgeoises, mon père ne nous verse rien et je travail pour entretenir cette maison. Je ne suis pas le riche petit branleur du quartier… (mwahahaha XD) J’aime les choses simples et la bonne cuisine c’est tout !

Lui tirant la langue comme pour se venger de la petite taquinerie de Penny, il finit par hausser un sourcil pour se donner un air faussement charmeur…

- Mais pour toi je veux bien faire tout ce que tu veux ! Mais attention ce n’est une proposition valable qu’une fois !

Hayden haussa les épaules, ce n’est pas qu’il se souciait vraiment de ce que les gens pouvaient dire, il ne voulait pas que Penny parte sur de fausses impressions voilà tout. De toute manière c’était trop tard. Il avait sans doute épuisé la liste de tout ce qu’il ne faut pas faire pendant un rendez vous, il n’était plus à ça prêt ! Voyant Penny réfléchir longuement à la question de ce qu’elle allait faire de lui, Hayden se demanda un instant s’il n’avait pas tendu le bâton pour se faire battre. Et quand elle sembla enfin finir par se décider, il faillit en perdre sa fourchette ! Lui à un festival ? Non mais est ce que la jeune femme l’avait vraiment bien regardé ? Il n’était certes pas un petit aristo péteux, mais il n’était pas non plus du genre à trainer ses souliers dans un festival. Surtout ce genre là qui finirait certainement comme une certaine soirée d’Halloween il n’y a pas si longtemps. Les longues beuveries sous couvert de fête national, ça le laissait un peu perplexe ! Mais bon, Penny semblait y tenir et puis il lui avait donné champs libre… Trop tard pour revenir sur ses propos.
Soupirant, il fit une petite grimace avant de répondre.

- Mais sache alors que c’est vraiment pour te faire plaisir ! Mais tu ne me jette pas au milieu des lions pour m’abandonner ensuite dans la foule !

Hayden haussa les sourcils avec un petit air entendu.

- Si on y va c’est à deux et si tu te retrouves en Guenièvre j’estime avoir le droit d’être Arthur !

Rien de moins que ça ! Hayden se surprenait lui-même parfois et même si les coins de sa bouche s’étiraient en un sourire, il ne mentait pas pour autant. Ce festival promettait d’être sacrement remuant ! Le jeune homme avait déjà du y aller avec sa mère et Isis quand ils étaient plus jeune. Mais le souvenir n’était pas vraiment parlant si ce n’était qu’il était sans doute rentré avec une épée en bois de mauvaise qualité pour jouer au Roi Arthur à la maison… De toute façon c’était le genre de jeux où Isis jouait toujours le rôle d’une vilaine sorcière et finissait par lui courir après en hurlant comme une furie. Chassant d’un hochement de tête les images que l’événement évoquait, Hayden chercha le regard de Penny. Il voudrait bien faire un effort, mais c’était parce que c’était elle qui avait proposé. La foule qui piétine n’était vraiment pas sa tasse de thé !

Bon et bien le coup du chevalier servant sera pour une autre fois ! Passant bien vite Arthur à la trappe avec un net soulagement intérieure, Hayden chercha une nouvelle fois le regard de Penny. Manifestement cela lui fit quelques effets car sentant les yeux du jeune homme posé sur elle, elle devint soudain toute rouge et se cacha derrière un trait d’humour pour masquer se gène. Hayden s’amusa de cette tentative ratée et trouvait rigolo que la jeune femme pusse à se point se sentir troublé juste parce qu’il l’a regardait. Il avait toujours su se servir de ce regard comme d’une arme à plusieurs tranchants. L’acier de ses yeux bleus pouvait tout aussi bien faire rougir Penny que figer une personne qui l’aurait irrité. Comme un ciel bleu d’été pouvant à tout moment tourner au gris de l’orage. Isis savait encore mieux en jouer que lui, même si la colère sourde qui y brûlait ne la quittait jamais totalement. Haussant les épaules, il sourit simplement à Penny.

- Je me faisais juste la remarque que c’est la première fois que je te vois en jupe… Et cela te va très bien ! C’est un nouveau style vestimentaire ou c’était pour l’occasion ?

Un peu de taquinerie pour changer ! Mais comme disait le proverbe : qui aime bien châtie bien !