C’était bien la première fois qu’Hayden ne fuguait pas au petit matin. C’était bien la première fois aussi qu’une femme passait la nuit chez lui. Comme quoi, il pouvait y avoir un début à beaucoup de chose ! Avant de s’assoupir au coté de Penny, il avait passé un long moment à la regarder dormir. Elle semblait si calme et si sereine qu’il n’avait pu s’empêcher de sourire. Longtemps, ses doigts avaient effleurés sa peau comme pour se rassurer et s’assurer que ce n’était pas un rêve, mais qu’elle était bien là. Finalement, Hayden s’était laissé glisser dans le sommeil sans retenu, apaisé. C’était un sentiment bien étrange en fait. Il n’était pas habitué. La jeune femme avait éveillé tellement d’émotions contradictoires et fortes à la fois, qu’il avait eu l’impression de se perdre au travers elle. Mais cela n’avait rien eu de dérangeant, bien au contraire.

Quand le soleil s’était levé et que ses premiers rayons étaient entrés dans la chambre Hayden s’était éveillé comme au premier jour. Mais au premier jour de quoi ? D’une vie qu’il voulait nouvelle sans doute. Bien plus agréable ça c’était certain ! Penny dormait toujours à côté de lui et il en avait profité pour la regarder encore une fois. Non, tout cela n’avait pas était un rêve. Jamais encore il n’était resté plus qu’il ne fallait. S’éclipsant discrètement, sans mots ni adresses, il devait sans doute se trainer une réputation de goujat à droite et gauche. Mais c’était plus fort que lui. Ne pas s’attacher était une ligne de conduite qu’il s’était fixé sans jamais faillir jusqu’à aujourd’hui. Mais Penny était au dessus de ça et de cette règle stupide. Elle lui avait montré la possibilité d’un chemin qu’il n’avait encore jamais emprunté. Un chemin qui pouvait lui plaire. Alors elle serait la première femme qui le verrait au réveil, la première qui partagerait son petit déjeuner et un peu plus sans doute.

Soudain Penny commença à bouger. Elle était allongée sur le ventre, la tête tournée vers lui. Mais avant de le regarder, elle sembla soudain réaliser que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Se redressant d’un coup, elle arpenta la chambre d’un œil endormi et perplexe. Quand Hayden capta enfin son attention, il lui sourit, amusé par l’air contrarié qu’elle affichait. Peut-être qu’un sourire lui rappellerait leur soirée. Enfin il l’espérait ! Hayden était assis bien droit dans le lit, le dos appuyé contre la tête de lit. Haussant un sourcil, il se pencha vers Penny pour lui poser un baiser sur le front.

- J’espère que ce n’est pas moi qui te fais cet effet là !

Puis avançant une main vers elle, il lui toucha la joue tout en écartant une mèche de cheveux qui lui barrait le visage.

- Tu as bien dormi ?

Quand Penny sembla enfin réaliser où et avec qui elle était, elle disparue presque immédiatement sous la couette. Hayden s’amusa de sa réaction. Si elle savait depuis combien de temps il l’observait, elle aurait sans doute laissait de côté ses manières. La jeune femme n’avait pas besoins d’artifices, elle était belle voilà tout, alors il n’y avait pas autant de soucis à se faire. Lui laissant le temps de se calmer, il la regarda réapparaître discrètement sous un coin de drap. Elle était plus rouge qu’il ne l’avait encore jamais vue. Ses oreilles auraient sans doute pu briller dans le noir ! Répondant à son sourire, il acquiesça d’un geste de la tête.

- Très bien merci !

Écartant un peu plus la couverture afin de faire apparaître complètement la tête de la jeune femme, Hayden se glissa plus prêt d’elle, légèrement au dessus d’elle. Il ne la quittait pas des yeux, toujours comme s’il craignait qu’elle ne disparaisse ou ne s’échappe.

- Tu es très belle comme ça Penny. Ça serait vraiment cruel de ta part de ne pas me laisser de regarder encore un peu. Histoire de contempler la chance que j’ai !

Il ne tenait pas vraiment à la faire rougir d’avantage. C’était ce qu’il pensait voilà tout ! De quoi pouvait-elle donc bien s’inquiéter maintenant après tout ? Si tous les matins pouvaient bien ressembler à celui là, il était preneur car il n’aurait pu souhaiter mieux.

- Tu veux un petit déjeuner ? Ou bien rester encore un peu au lit et profiter d’une grasse matinée ?

Hayden fit mine de réfléchir un instant avant de lui répondre dans un sourire étrange.

- Ma maman m’a toujours dit d’être galant avec les filles…

Puis dans un haussement de sourcils, il se mit à rire.

- Si je ne le pensais pas, je ne te le dirais pas non ?

S’il y a bien quelque chose qu’Hayden ne faisait pas, c’était mentir. Ce n’était pas une vertu qu’il avait acquis au fil des ans mais bien quelque chose à laquelle il avait toujours tenu. Sans doute parce qu’il avait grandit dans une telle atmosphère de silence pensant et de secrets non dit qu’il tenait à ne pas reproduire la même chose. Bien souvent cela l’avait empêché de temporiser les situations. Notamment avec Isis, mais il s’en était toujours accommodé.

- Et si ça ne te conviens pas t’en pis ! Je continuerais à le dire parce que c’est ce que je pense !

Dans un demi sourire mi-amusé, mi satisfait de lui-même, Hayden laissa Penny se poser contre son épaule tout en passant une main derrière elle. L’écoutant finalement énuméré la commande de son petit déjeuner, il haussa un sourcil perplexe. Il devait bien avoir deux ou trois trucs dans son frigo mais tout de même ! Elle comptait lui faire piller le marcher ? Tournant la tête vers elle, il lui sourit amusé.

- Après tout ça j’aurais au moins le droit d’ouvrir un restaurant gastronomique !

Provocateur à son tour, il fit mine de rester sérieux.

- Je vais voir ce que je peux faire… Au pire, il doit toujours rester des fraises dans une assiette non ? Par contre je crois que tu as mangé toute la chantilly !

Alors que Penny se débattait, Hayden continuait d’attaquer sans relâcher sa proie d’un pouce.

- Quoi ? Tu me confonds avec le pochtron du coin ou quoi ?

Lavant l’affront d’une nouvelle vague de chatouille, il s’arrêta net quand elle se retrouva avec son téléphone dans les mains couché en travers du lit dans une tentative désespéré d’améliorer sa situation. Haussant un sourcil perplexe, il s’assit en tailleurs sur le lit, observant un instant Penny tout en la laissant respirer un peu. Et après ? Elle pouvait bien fouiller son téléphone de fond en comble elle n’y trouverait strictement rien en dehors du numéro de Harry et de deux ou trois autres numéros personnels. Ces messages étaient toujours effacés et son historique de téléphone contenait essentiellement des numéros hors répertoire. Il y avait des raisons multiples à ces semblants de précautions. D’abord il détestait devoir chercher dix ans le dernier message ou coup de téléphone reçu. Deuxièmement, il ne gardait jamais en mémoire le numéro des femmes dont il avait partagé le lit et enfin pour les autres il décrochait s’il savait devoir attendre un appel. Pour le reste, les gens n’avaient qu’à laisser un message. Hayden s’embarrassait rarement de son téléphone et de toutes les contraintes qu’il impliquait. Il n’était pas à la disposition des gens voilà tout !

Un air de défit dans les yeux, il sourit à Penny avant de lui répondre.

- Aucune tu peux vérifier ! Et je dirais plutôt grande, les cheveux sombres et l’air de celles qui n’ont plus rien à perdre…

Un peu comme lui à cette période de sa vie. Au fond elles non plus ne s’embarrassaient pas à le rappeler. Les choses étaient claires dès le départ et personne ne repartait frustré ou déçu. Il n’était pas fier de cela mais il n’avait jamais rien connu d’autre. S’il se rendait compte que la manière dont il avait répondu à Penny aurait pu la gêner, Hayden n’avait fait que répondre à sa question. Et puis il n’avait rien à cacher. Il n’était ni un ange ni un model d’exemplarité. Il avait un côté très sombre que Penny ne connaissait pas et au fond il ne tenait pas vraiment à lui montrer. Cette partie là était un peu désagréable en vérité. Tendant la main vers Penny, il lui sourit plus franchement.

- Alors tu me le rends ce téléphone ou je te jure que cette fois si je ne te lâche pas tant que tu ne cris pas grâce !

Narcissique ? Lui ? Si peu, si peu ! Pour le moment en tout cas, car il pouvait faire bien pire ! C’était un jeu assez amusant en vérité. Ça agaçait beaucoup les autres, lui donnait une réputation de péteux bourgeois, mais qu’est ce que c’était bon de voir leur tête dans ces moments là ! Surtout qu’il y mettait souvent la mine de circonstance tant est si bien qu’on ne savait jamais vraiment s’il était sérieux ou pas. Manifestement, même Penny hésitait. Quand elle se cacha sous la couette, il sourit de plus belle et se laissa bousculer sans rien ajouter. Étirant les bras au dessus de sa tête il émit un petit soupir de contentement avant de croiser à nouveau le regard de Penny qui s’était couché sur lui.

- La véritable question ma petite dame… C’est de savoir si tu m’as véritablement choisi ou si je t’ai laissé le croire. Dans ce cas là celui qui aurait choisi n’est pas celui qui croit mais son contraire. Non ?

Un sourire amusé sur les lèvres, il ne cherchait pas à l’agacer. Il n’y avait rien de philosophique là dedans et à bien y réfléchir, il n’était même pas sûr que sa phrase eu un véritable sens. Il voulait juste la faire tourner un peu en bourrique. Parce qu’elle courait toujours droit dedans et qu’il aimait voir ses tâches de rousseurs disparaître sous le rouge de ses joues.
Mais la jeune femme était devenue une nouvelle fois sérieuse, la tête légèrement penché sur le côté, elle lui posait des questions auxquelles il n’avait même pas vraiment songé lui-même. Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Pourquoi pas après tout ? Sûrement pour plein de bonnes raisons à ses yeux mais qui ne serait pas ce que la jeune femme avait envie d’entendre. Souriant, il avança une main vers la jeune femme pour lui caresser la joue avant de froncer les sourcils comme s’il était en proie à une grande réflexion.

- Je ne dirais pas que tu n’étais pas mon style… J’ai simplement oublié de regarder au bon endroit quand il fallait!

Ca ce n’était pas tronqué. Son esprit s’il était souvent accaparé ailleurs, ne pouvait pas se focaliser sur ce qui l’entourait. Avant Halloween, il n’avait jamais mis les pieds à l’Irish. Et bien avant cela, il ne s’était jamais soucié de savoir qui était ses voisins. Il connaissait leur visage de loin, leur nom mais rien de plus. A quoi cela aurait-il servit ? Il n’y avait aucun espoir jusqu’à là, aucune perspective d’avenir si ce n’était s’occuper d’Isis du mieux qu’il pouvait. En fait, il avait du la croiser pas mal de fois… Mais il ne l’avait simplement jamais vue. Quand au reste… Et bien il ne savait plus trop quoi dire.

- Je n’aurais sans doute pas été de compagnie bien agréable si j’étais revenu tout de suite. Et puis plus les jours ont passé et plus je me suis dis que tu devais me prendre pour un beau salaud, beau parleur et peut-être même beau profiteur. J’appréhendais d’entendre cela de ta bouche parce que j’ai beaucoup d’estime et d’affection pour toi…

Soupirant comme si le plus dur était passé, il finit par conclure dans un sourire presque enfantin.

- Mais tu me manquais trop je crois ! La soirée que nous avons passée ensemble ne pouvait pas simplement se finir comme ça. Je voulais plus te connaître, savoir des choses que tu n’aurais dites à personne d’autre, juste avoir une place spéciale quelque part en toi. Parce que c’est ce tu as pour moi. Une place spéciale que je ne peux pas vraiment définir ou expliquer rationnellement, mais qui est là et que je ne veux laisser à personne d’autre.

Quoi il avait fais exprès de la faire rougir ? Nooooooooooon, jamais ! Bon certes, il se doutait sûrement de ce qui allait se produire mais là voir comme ça revêche et en même temps incapable de se contrôler et bien oui, ça l’amusait beaucoup.

- Je suis un être parfaitement machiavélique tu sais…

Touchant une oreille du bout de son doigt, il le retira vivement en couinant un petit « outch » tout en secouant la main.

- Tu as raison, je crois que ton bacon grillé se fera sur tes oreilles !

Pinçant les lèvres, il sembla réfléchir une fois de plus. Penny devrait sans doute se méfier car dans ces situations là, la bêtise ne semblait jamais loin, menaçante et intrigante à la fois.

- Je dois avouer que je m’amuse beaucoup et que j’en ai même un peu honte mais honnêtement cela fait un bien fou tu ne trouves pas ?

Manifestement non, elle ne le trouvait pas vraiment mais ce n’était pas grave. A la menace à peine voilà qu’elle proféra, Hayden sourit en imaginant quelques scènes cocasses qui pourraient arriver. Sans doute serait-il bon dans ce genre de situation de prévoir quelques pari sous la main. Histoire de rendre les choses plus distrayantes ! Harry serait sans doute un bookmaker parfais dans ce genre de situations !

- Si je voulais avoir une fille avec des visions j’aurais cherché dans l’annuaire ! Mais tu sais que je suis un homme très regardé dans toutes les situations. Que comptes-tu faire contre ça ?

Nouvelle provocation mais aussi beaucoup de curiosité. Hayden aurait aimé savoir de quoi Penny était capable en vérité. Juste parce que cela l’amusé et parce qu’il savait bien au fond, qu’elle n’était pas simplement une jeune femme sage et bien rangée.

- Planter une fourchette dans les yeux des femmes que je vais croiser ?

Au fond de lui, une petite voix lui murmurait de prendre garde tout de même, car c’était peut-être lui qui en paierait les conséquences !

Une fois arrivée au pied de l’escalier, Hayden avait terminé d’enfiler son pantalon. Ajustant sa chemise, il en ferma les trois derniers boutons avant de se mettre au travail. Il avait promis à Penny un petit déjeuner digne d’une maison royale, elle n’allait pas être déçue ! Aussi quand il entendit la jeune femme descendre quelques temps plus tard, il contempla d’un œil satisfait l’étendu de son œuvre. Une assiette pleine à déborder de pain cake attendait au milieu de la petite table qu’il avait dressée pour le petit déjeuner. Les odeurs de thé chaud et de café se mêlaient à celles du bacon en train de cuir. Les muffins quand à eux terminaient e gonfler au four. Bon, il voulait bien l’admettre, les muffins, il avait suffit de verser la pâte dans les moules… Mais bon, il n’avait pas eu la journée complète non plus ! Penny se glissa alors discrètement dans son dos et il la sentit bientôt poser sa tête contre son épaule. Elle portait son odeur et c’était assez étrange en fait. Avait-il imaginé un jour qu’une scène semblable se déroulerait chez lui ? Honnêtement il en doutait mais à présent il se sentait bien plus serein qu’il ne l’avait jamais été. Comme si finalement, les haches de guerres avaient été enterrées. Souriant à sa remarque il jeta un petit coup d’œil par-dessus son épaule.

- Je me disais aussi que ça sentait l’homme par ici !

Retournant la tête pour vérifier que le lard n’accrochait pas la poêle, il les retourna d’une main habile tout en écoutant Penny fredonnait. C’était si simple finalement de se comporter comme tout le monde. Il aurait quand même pu s’y mettre avant ! A la remarque de Penny, il fit mine de ne pas avoir entendu. Coupant le gaz, il déposa le lard dans une assiette prévue juste à côté. La poêle posée, il s’essuya les mains consciencieusement pour ne pas tâcher la jeune femme puis il se retourna vers elle. Haussant un sourcil une main sur la hanche, il semblait étudier sérieusement la question.

- Honnêtement j’aurais préféré Batman parce que sa voiture est vraiment classe… Et puis le slip rouge franchement… Ca ne va pas avec mon teint !

Attrapant Penny d’une main qu’il glissa dans son dos, il l’attira vers lui, si près que leurs nez se touchaient presque. Ressortant son magnifique sourire dentifrice, il ponctua le tableau par un sourcil haussé très distingué…

- Alors comme ça ma belle tu penses ne plus pouvoir te passer de moi ? Hmmmm… J’accepte d’être ton keum alors…

Quel tombeur… Marie aurait sûrement soupiré en entendant cela, Isis serait sortie en claquant la porte et en l’insultant de sa bêtise, mais l’important au fond, c’est qu’il avait envie de s’amuser. De s’amuser avec Penny, d’être à ses côtés autant qu’elle le voudra, de partager ou simplement de se promener main dans la main pour une petite promenade du soir… Des choses, sommes toutes, parfaitement normales… Laissant tomber son numéro de draguer à deux francs, il opta alors pour une mimique enfantine.

- Enfin seulement si tu veux bien me tenir la main quand on se promène…

Hayden sourit à Penny alors qu’elle se blottissait contre lui. L’enlaçant plus fort, il voulait la rassurer, qu’elle comprenne qu’il était là et quand il s’engageait, ce n’était pas pour claquer la porte quelques temps plus loin. Il l’a voulait à ses côtés, parce qu’elle lui correspondait bien et parce qu’au fond s’ils ne s’étaient découvert que maintenant, c’est parce que c’était maintenant qu’ils étaient prêt pour cela. Le reste du monde pouvait bien faire ce qu’il voulait et même si Isis revenait demain, rien ne changerait. Il ne le voulait pas et ferais tout pour cela. Même si cela signifiât partir de chez lui, de Glastonbury ou de tout autre endroit, juste pour être avec elle. S’écartant un peu de la jeune femme, il la dévisagea un instant en souriant avant de lui parler d’une voix qui se voulait douce et rassurante.

- Pourquoi aurions-nous à le faire ? S’éloigner l’un de l’autre ? C’est une drôle d’idée…

Passant une main dans les boucles rousses de Penny, il laissa ses doigts glisser vers sa joue avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

- Une bien drôle d’idée !

S’éloignant d’elle, il ouvrit un bras en direction de la table pour l’inviter à prendre place.

- Assis toi à présent, que je te serve le meilleur petit déjeuner de ta vie !

La laissant s’installer, il servit le bacon et les œufs brouillés encore brûlant, deux tasses de cafés et ramena tout ce que la belle avait commandé. Muffins, pancakes et confiture. Une vraie table de roi ! S’asseyant en face de Penny, il lui souhaita un bon appétit avant d’entamer avec enthousiasme son assiette.