Je ne sais pas pourquoi je l’avais suivi. La voir, ce n’était qu’un hasard parmi d’autre, rien de plus, mais rien ne m’obligeait à la suivre. Pourtant, cela avait été plus fort que moi. Je n’étais pas parti pour flâner pourtant. Les travaux des champs s’étant un peu allégé, j’étais en quête, une besace en bandoulière, afin de renouveler notre réserve de plantes. L’hiver porterais avec lui son lot de petites maladies et nous nous devions d’être toujours prêt à soigner la communauté. Elle était passé au loin, sans vraiment faire attention à ce qui l’entourait et moi j’étais resté là, immobile à la regarder passer. C’était assez drôle d’ailleurs, car j’avais beaucoup pensé à elle quand bien même je ne savais même pas son nom. Mais j’avais le sentiment de la connaitre, au plus profond de moi et cela, c’était vraiment étrange en vérité.

Je ne m’étais même pas rendu compte que je le suivais. Et quand je l’avais réalisé, j’avais cherché du regard quiconque aurait pu le remarquer. Mais personne ne s’était retourné. J’étais seul et sans savoir pourquoi, je la suivais. Quand elle s’était assise face au lac, j’avais hésité un instant. Je ne souhaitais pas l’importuner et surtout, en dehors de nos fêtes communes, nous autres n’avions pas le droit de parler aux femmes. Seule la dame du lac et Caillean faisait exception. J’étais en faute, mais je n’étais pas un voyeur, aussi je n’avais que deux solutions : faire demi tour ou…

- Bonjour…

J’avais avancé de quelques pas dans sa direction, mais pas suffisamment pour passer pour un trouble paix. J’avais des questions à lui poser. Des questions qui me faisait tourner la tête et me rendait perplexe. Il était temps que cela cesse.

Je regardais la jeune femme d’un air perplexe. Je ne comprenais pas pourquoi elle semblait soudain si irritée. Etais-je responsable malgré moi de quelques désagréments ? Elle s’était redressée vivement avant de lui rendre la politesse mais semblait pas avoir plus à me dire. Je me sentais un peu désemparé. Moi qui ne parlais presque jamais aux femmes, en dehors de Caillean, je ne savais plus trop comment me comporter. Un tel manque d’assurance n’était pas habituel chez moi. Si j’étais quelqu’un qui ne parlait pas beaucoup, je n’étais pas pour autant effacé ou maladroit. Juste peu loquace. Et l’élue en face de moi, ne m’aidait pas vraiment à dépasser ça. L’observant un instant, je me fis la remarque qu’elle était plutôt jolie, assise là.

- Vous allez bien depuis Lugnasad ?

La jeune femme avait fait un léger malaise le soir de la fête et j’avais voulu lui porter secours. Cependant, un autre Elu s’était interposé, pensant sans doute à tord que je lui voulais du mal. Je n’étais qu’un guérisseur en devenir, mes pensées n’avaient jamais été mauvaises. Pourtant, il y avait quelque chose de magnétique dans ses yeux, quelque chose qui m’avait touché pour une raison dont je ne savais rien. C’était un peu comme si je la connaissais déjà.