Glastonbury, 25 décembre 2012, 1h30

Andrea marcha un moment, dans le noir et le froid de cette nuit de Noël. Elle avait laissé Harry et Penny seuls, libres de passer la soirée comme ils le souhaitaient. Mais elle avait un pincement au cœur en les regardant. Ils n’étaient qu’amis tous les deux –c’était du moins ce qu’ils disaient -, mais elle les sentait si proches. Bien plus proches qu’elle ne le serait probablement jamais avec qui que ce soit et cette idée créait en elle comme un vide.

Elle s’arrêta un instant et leva les yeux vers le ciel. Elle observa les étoiles pendant de longues minutes, y cherchant un signe, quelque chose qui pourrait l’aider, lui montrer ce qu’elle devait faire, la route qu’elle devait prendre. Mais elle n’y vit rien et elle reprit son chemin. En ce moment précis, elle se sentait comme une coquille vide. Avec le recul, elle se rendait compte qu’elle n’avait rien fait de sa vie. Elle n’avait peut-être que 25 ans, mais elle se sentait tellement plus vieille tandis qu’elle marchait. Elle ne pouvait que faire un seul constat, elle n’avait rien, que des possessions matérielles, mais rien qui puisse combler un vide en soi. Rien ni personne. Elle était seule. Les seules personnes qui avaient comptées pour elle étaient mortes ou lui avaient tourné le dos. Elle avait cru un instant qu’Harry pourrait en faire partie, changer les choses. Mais en le voyant si proche avec Penny, elle avait compris que ça ne marcherait pas. Même si elle voulait essayer, il y’aurait toujours quelque chose, cette peur qui la taraudait depuis l’épisode Tom Westfield, qui la retiendrait de s’ouvrir complètement à lui. Et puis, il semblait avoir changé de regard par rapport à elle et cela lui faisait mal. Il était une autre preuve que s’attacher à quelqu’un faisait systématiquement souffrir à un moment ou à un autre.

Elle arriva devant la porte de sa maison et sortit la clef qu’elle avait enfouie dans la poche de son jean juste avant de partir. La maison était grande, et vide. Elle avait eu un coup de cœur dès qu’elle y était entrée pour la première fois. Cette maison, bien que vide, dégageait quelque chose. Comme une promesse d’une vie heureuse. Elle avait regardé autour d’elle et n’avait eu aucune difficulté à s’y projeter dans l’avenir. Elle voyait des enfants jouer ensemble sur la pelouse, elle se voyait vieillir au côté d’un homme qu’elle aimerait et qui l’aimerait. Mais là, alors qu’elle se tenait sur le pas de la porte, en cette veillée de Noël, elle ne voyait plus rien de tout cela. Elle fit le tour des pièces, doucement et finit par arriver dans le garage où les précédents propriétaires avaient entassés les meubles qu’ils désiraient vendre. Au milieu se trouvait le piano qu’elle avait remarqué la première fois. Le piano pour lequel elle avait marché dans le froid pendant près d’une demi-heure.

Elle enfonça quelques notes, il sonnait juste. Alors elle se mit en quête d’un tabouret, en trouva un et s’installa. Les premières notes s’élevèrent comme un soulagement. Ses doigts couraient sur le clavier, la musique montait jusqu’à ses oreilles et elle fermait les yeux, la laissant chasser toutes ses pensées. Elle était d’humeur mélancolique ce soir là, les premiers morceaux qu’elle joua étaient à la couleur de son moral. Ludovico Einaudi, Yann Tiersen et Micheal Nyman s’enchainèrent pendant un bon moment s’alternant avec des morceaux d’Adèle, d’Evanescence et de Gary Jules. Elle sentit les larmes couler sur ses joues au fur et à mesure que la musique exprimait ce qu’elle avait en elle. Et puis elle revint à du Einaudi et du Yann Tiersen qui se voulaient un peu plus joyeux, comme une note d’espoir, comme pour se dire qu’elle ne devait pas lâcher prise. Elle termina sur un morceau de Yiruma qu’elle appréciait particulièrement. Et lorsqu’elle se sentit mieux, prête à affronter de nouveau sa vie, elle reprit le chemin de la maison d’Harry, sous la pluie qui commençait à tomber.

Playlist d’Andrea
Una mattina - Ludovico Einaudi
La valse d'Amélie Poulain (version Piano) - Yann Tiersen
The heart asks pleasure first - Michael Nyman
Turning tables - Adèle
Fly - Ludovico Einaudi
Hello - Evanescence
Comptine d'un autre été, l'après midi - Yann Tiersen
My immortal - Evanescence
Mad World - Gary Jules
This song is brought to you by a falling bom - Thursday
Summer 78 - Yann Tiersen
Primavera - Ludovico Einaudi
Forrest Gump Suite - Alan Silvestri
River flows in you - Yiruma