Shannon O'Dair, journaliste "reporter" "people" pour la presse locale rentrait de Pilton, une ville voisine de Glastonbury où elle avait commencé à tourner un reportage sur le festival annuel qui se tiendrait le mois suivant. Mais alors que son équipe était restée sur place, la journaliste avait pris sa voiture pour rentrer retrouver sa nièce et sa soeur. Pourtant, alors que la nuit tombait, un pneu éclata soudain sur un caillou. Forcée de se ranger sur le bas côté, Shannon commença à s'énerver sur son volant. Elle n'était plus si loin de al ville mais l'idée même de rentrer à pied était exclue. Mais Peter ne répondait pas au téléphone et une dépanneuse... A cette heure-ci ? Ici ? Impossible.

Elle sortit alors de la voiture, peu rassurée car la visibilité était faible. Changer un pneu, elle ne l'avait jamais fait, il y avait toujours quelqu'un avec elle dans ces moments là. Mais la voilà, vidant son coffre pour trouver la roue de secours. retirant sa veste, elle n'eut d'autre choix que salir son magnifique haut de satin en ébouriffant ses cheveux d'or bouclés à la perfection. Car Shannon illustrait la perfection même. Belle, ravissante et engagée, elle avait toutes les qualités... Celles d'un requin, en prime.

J'étais parti du site de Stonehenge. La nuit m'avait forcé à stopper mon moment de détente. En effet, les sites historiques sont des lieux que j'aime fréquenter. Pourquoi ? Pour la simple raison que ce genre d'endroit a fait couler de l'encre et selon les endroits, également du sang... Je m'installais dans la voiture qu'on a eu la gentillesse de me louer pour un temps, la mienne tardant à arriver. Je sais me montrer patient, cependant. Mais ce n'est pas mon véhicule personnel, je ne me sens pas à l'aise à l'intérieur.


Je me tenais droit, assis au siège du conducteur en allumant mes pleins phares profitant que personne n'était à l'horizon afin de ne pas l'aveugler. Après avoir mis le contact, je roulais. La nuit noire régnait en seul maître. Je ne voyais pas la lune. La route était vide, aucune lanterne ne brillait ici mises à part les miennes.


Il se passait des choses en ce pays. Des disparitions en masse, des pseudos enlèvements paraîtrait-il. Foutaises. Tout le monde parlerait s'il s'agissait en effet d'enlèvements. Les gens d'ici aiment-ils autant les ragots et les potins que dans mon pays ? Tout se dit et circule sans problème en Roumanie. Il faudrait que je m'informe un peu plus, les compétences d'un avocat tel que moi ne devraient pas être une gène.


Je vis au loin une voiture rangée sur le bas côté avec sa conductrice qui semblait fort contrariée... Je rétrogradais mes vitesses et l'intensité de mes phares de sorte à ne pas éblouir cette demoiselle qui commençait à regarder en ma direction.

Je me rangeais derrière elle, allumant les feux de détresse. Je sortis de mon véhicule, silencieusement, tel un léger coup de vent avant de refermer ma portière. Cette demoiselle était fort charmante, mais son visage me rappella quelqu'un. Je croyais l'avoir déjà vue quelque part, mais où ? Dans la rue ? Dans mon cabinet ? A la superette du coin ? Je portais ma main à mon haut de forme pour l'enlever, de sorte à saluer cette blonde.


- Mes hommages, mademoiselle. Seriez-vous victime d'une infortune ?


Cette question était tout à fait rétorique, je me devais de tenter de faire un peu d'humour afin de ne pas froisser cette demoiselle davantage. Plus les secondes passaient, plus j'avais l'impression d'avoir vu cette personne quelque part... Où diable l'avais-je vue ?


Cette information allait sans doute me revenir par réminiscence lorsque je ne chercherai plus à apporter satisfaction à cette interrogation... Je vis alors la roue de secours de la jeune femme, comprenant alors qu'une de ses roues avait crevé. En remettant mon couvre chef, je désignais du doigt mon véchicule.


- Auriez-vous besoin d'aide ? J'ai quelques outils dans le coffre de ma voiture, je peux vous prêter main forte....

Voilà une bonne demie heure que Shannon te cassait les ongles sur cette fichue roue de voiture qui ne voulait pas s'enlever. Elle avait déjà manqué de se prendre une ou deux voitures qui ne s'étaient pas arrêtée. Allant vers Pilton, Shannon en avait a déduit que des touristes peu intentionnés avaient fait mine de ne pas la voir. Et puis en voilà un qui s'arrêtait ! Portant la main à ses yeux pour se cacher des phares, Shannon s'était redressée pour voir qui arrivait. Cet homme-là, si elle l'avait déjà vu quelque part, elle ne l'aurait très certainement pas oublié... Ou peut-être que si. Volontairement.

– Victime d'une quoi ?

Shannon connaissait très bien le mot mais elle ne l'avait pas entendu depuis... Et bien, dans une conversation normale, elle ne l'avait jamais entendu. Quoique, son beau frère avait l'étoffe pour ce genre de langage. A sa proposition, la journaliste a regardé sa roue puis l'homme avant de lever une main, dépitée.

_ Je n'arrive pas à monter cette roue ! Vous le croyez, vous ? Pas une dépanneuse ouverte après 20h ! Et pour les urgences, on fait comment ? Ils pensent vraiment que je vais marcher jusqu'à Glastonbury, comme ça ?

Elle donna un coup de pied dans le pneu et s'en détourna pour aller faire quelques pas. A n'en point douter, cette femme était d'un caractère assez nerveux et impulsif. Vous savez ce qu'on dit ?Grande gueule... Belle bouche. Une main sur le front, elle lui refit face et renifla légèrement en revenant.

– Ce serait... vraiment adorable... merci.

Non, Shannon O'Dair ne pleurait pas ! Ni devant la caméra, ni devant des inconnus, jamais ! Quand bien même sa vie se réduisait peu à peu en cendres ces derniers temps, il était hors de question qu'elle craque devant qui que ce soit ! Elle était belle, elle était forte, elle avait trente ans et était une femme épanouie ! Elle se pinça les pommettes et secoua la tête pour se regrouper avant de se racler la gorge.

– C'est vraiment très aimable à vous. Vous êtes un véritable gentleman, vous au moins !