Le soleil se levait à peine à l'horizon et les druides commençaient leur office au sommet du Tor. Ce matin là, Kieran n'était pas d'astreinte et avait la possibilité de vaquer librement à ses occupations : les moissons qui se terminaient, la fin des travaux dans les habitations nord ou l'extraction dans les carrières du sud de l'île en vue de rénover les bâtiments officiels avant l'arrivée des premières gelées de l'automne.

Mais Kieran avait préféré se diriger vers l'ouest d'Avalon, vers la demeure des prêtresses qu'il savait pour la plupart encore endormies. Il se glissa jusqu'à la demeure des Vierges et glissa un oeil jusqu'à la persienne la plus proche du lit d'Elwen. Ramassant un caillou du chemin il la lança à travers l'ouverture en espérant attirer ainsi son attention. Il avait besoin de lui parler.

Il faisait encore suffisamment sombre avec l'approche de l'hiver et Elwen avait beau être réveillée, elle gardait le silence sous sa couverture. Elle observait la pièce sans rien dire, perdue dans ses pensées, jouant avec une boucle de cheveux. Elwen était toujours perchée comme une gamine depuis plusieurs jours. Elle entendit les enfants se retourner dans leur lit et Shara soupirer à ses côtés. Elles partageaient le même lit depuis que les Elus étaient là. Et puis elle vit quelque chose passer près de ses yeux, la faisant sursauter. Un petit caillou vint se loger près de son ventre, contre la couverture. Puis un deuxième. Se redressant, Elwen tourna la tête vers la fenêtre pour voir Kieran, les sourcils froncés. Elle ouvrit une main, demandant silencieusement pourquoi il était là.

Elle soupira et secoua la tête en regardant Shara dans son dos qui dormait toujours. Doucement, elle s'extirpa de son lit et prit une petite couvrante pour la poser sur ses épaules. Sur la pointe des pieds, elle sortit du dortoir et referma lentement la porte derrière elle. Elle contourna le bâtiment pour rejoindre Kieran, la voix basse.

– Qu'est-ce que tu fais ici, tu es inconscient ! Si on te voit, tu vas avoir des ennuis, encore.

Kieran, le visage renfrogné comme à son habitude, haussa un sourcil, les poils de sa barbe brouissailleuse tombant partiellement devant ses lèvres. Il ne portait pas la tenue blanche cérémonielle mais une chemise et un pantalon de lin ainsi qu'une ceinture de cuir épais comme s'il s'apprêtait à aller travailler.

Il parla très doucement pour ne pas attirer l'attention.

"Il n'y a pas de meilleure heure, Avalon ne s'éveille pas encore totalement."

Il ajouta en se rapprochant de son oreille.

"Rejoins-moi dans les vergers, près du pommier centenaire"

Et il tourna les talons pour disparaître sans un bruit, aspiré par l'obscurité qui se dissipait rapidement.

Elwen fronça d'autant plus les sourcils. Qu'est-ce que ça signifiait ? Mais elle n'eut même pas le temps de poser la question qu'il était déjà parti. Elle l'appela à voix basse mais il ne répondit pas. Elle roula des yeux et ouvrit les mains avant de s'en retourner à l'intérieur. Elle s'habilla aussi silencieusement possible, enfilant sa robe. Sans attacher ses cheveux, elle sortit en vérifiant que personne ne s'était réveillé et seulement elle mit ses chaussures avant de remonter le chemin, regardant autour d'elle que personne ne la surprenne. Elle avait le droit de voguer mais on lui demanderait où elle allait... Et elle ne pouvait décemment répondre, n'est-ce pas ?

Elwen longea le chemin, restant toutefois discrète. En approchant du pommier, elle l'appela à nouveau, la voix basse. Elle souriait bêtement car un rendez-vous secret avec Kieran, c'était toujours un peu l'excitation de l'aventure, de l'inconnu, la rébellion sur l'interdit. Et leur dernière escapade avait été bien trop brève. Parfois, elle se disait que c'était pour le mieux. Après tout, elle avait un devoir à accomplir et Kieran la déconcentrait. Mais elle n'arrivait pas à oublier ces moments sacrés. Chaque fois qu'elle pensait pouvoir y mettre une distance... Elle défaillait.

Kieran était appuyé le dos contre le pommier, la tête posée contre l'écorce levée vers le soleil qui apparaissait lentement à l'horizon. La lumière baignait son visage et le vent faisait voleter ses mèches brunes, les poils de sa barbe broussailleuse et sa chemise en lin.
L'entendant venir il tourna la tête vers elle et lui tendit la main comme pour l'inviter à s'approcher de lui.

"Tu n'as pas eu de souci ?"

Il se regarda autour avant de lui adresser un petit sourire.

"Je sais, ne me gronde pas comme un enfant. Ce n'était pas très prudent mais je ne sais pas quand je pourrai te voir. Entre les moissons, les travaux et la retraite des druides qui se profile..."

Il se tut, le front plissé d'inquiétude.

Fronçant les sourcils, Elwen secoua la tête.

– Non, pourquoi ? Kieran, tu es bizarre, qu'est-ce que tu as ?

Il commençait même à l'inquiéter à parler ainsi. Elle regarda autour d'eux et s'entortilla les cheveux dans une torsade sur l'épaule avant de relever les yeux sur lui.

– Qu'est-ce que tu voulais me dire de si important ?

Elle pencha la tête en se rapprochant de lui, cherchant son regard. Kieran n'était pas de ces druides qui prennent des risques inconsidérés pour rien. S'il venait la réveiller pour la traîner à l'abris des regards, ce n'était sûrement pas par hasard, ni sans raison. Elle resta donc là, à attendre d'avoir la réponse à ses questions, aussi inquiète que lui.

Et Kieran ne l'avait pas fait venir ici pour faire durer le suspens. Il prit une inspiration, leva le visage vers le ciel pour en apprécier les couleurs qui passaient lentement du bleu au rose en passant par l'orangé alors que le soleil se levait tout à fait à l'horizon, faisant briller la végétation de reflets or et cuivre.

"La mère de mon fils est morte hier."

Il acquiesça de la tête.

"Oui, il s'agissait de la Prêtresse Aedwinn."

Aucun décès ne passait inaperçu sur l'île, surtout lorsqu'il était soudain et imprévisible. Aedwinn était une femme d'une trentaine d'années, un peu moins et elle avait eu trois enfants. Elle avait l'air solide, le temps était clément et tout le monde mangeait à sa faim. Elle s'était écroulée loin des regards et avait été retrouvée par un groupe de novices plusieurs heures après sa mort, paisiblement allongée sans trace visible. La vie l'avait quitté, brusquement.

"Mon fils se retrouve orphelin de mère et je suis très inquiet pour lui."

Elwen haussa les sourcils. Elle ne s'était pas du tout attendue à ce genre de chose. Interdite, elle le regarda en se demandant comment réagir à ça. Elle ouvrit la bouche sans rien dire et sourit en plissant le nez. Bien sûr qu'elle se souvenait de la veille, le choc avait été unanime. Bien qu'Elwen n'ait jamais été proche de cette prêtresse, elle avait ressenti du chagrin. Mais elle ne comprenait pas un instant pourquoi, d'une, Kieran lui disait ça après l'avoir faite venir en secret et, de deux, pourquoi il s'inquiétait.

– J'ai du mal à comprendre, Kieran... ce que je peux faire pour toi ? Je veux dire, ton fils sera entre de bonnes mains ! Il n'est pas seul !

Elwen se serait volontiers portée volontaire pour être une mère de substitution mais elle avait déjà tellement à faire et les secrets d'Alanna lui pesaient encore lourd sur les épaules. Elle avait tant à réfléchir. De plus... Elle ne se voyait pas élever l'enfant de Kieran, venant d'une autre femme. Elle faisait un rejet sans même s'en rendre compte. Mais elle sourit en posant sa main sur son épaule et acquiesça.

– Je veillerai sur lui, je te le promets. Tout ira bien.

Pourquoi avoir fait une telle promesse ? Aucune idée. Sûrement son instinct maternel, quoi qu'il arrive. Elwen tapota l'épaule de Kieran et le contourna pour reprendre le chemin. Elle avait des choses à faire et... Elle ignorait tellement comment prendre cette entrevue.

Kieran rattrapa Elwen par le bras avant qu'elle ne se sauve, le front plissé d'inquiétude et les sourcils froncés. Il avait l'air encore plus renfrogné que d'habitude, plus grave.

"Non tu ne comprends pas, ce n'est pas pour ça que je t'ai fait venir."

Il desserra l'emprise sur son bras pour reculer d'un pas, soupirant en cherchant ses mots. Comment lui expliquer ? Et pourtant, il voulait qu'elle soit la première à l'entendre, elle était celle en qui il avait le plus confiance. Il déglutit et remonta les yeux pour rencontrer son regard, le soutenant avec feu.

"Je vais demander à reconnaître mon fils."

Il secoua la tête.

"J'y ai réfléchi toute la nuit. Gwidel est mon fils, même si cette société ne le reconnaît pas officiellement. Il a mes mimiques lorsqu'il est concentré, il me ressemble, Elwen."

Pouvait-il avouer qu'il l'aimait, qu'il avait des sentiments pour lui ? Non, c'était différent, mais pas moins profond. On ne lui avait jamais donné la possibilité d'aimer l'enfant, ni même appris comment faire. Pourtant, il était son sang, sa descendance.

"Je vais présenter ma requête à la Dame et à Eranos dès ce soir"

Elwen en ouvrit grands les yeux, les lèvres entrouvertes, à la nouvelle. Aussi choquée qu'interdite, elle l'écouta comme s'il parlait d'outre tombe. C'était une chose de vouloir ce qu'on n'avait pas. C'en était une autre d'agir pour l'acquérir. Quand Eranos avait avoué son lien de parenté avec Elwen, elle n'en avait plus jamais reparlé. Ni avec lui, ni avec personne car elle en connaissait les risques. Leurs traditions, leurs moeurs, leur religion était faite ainsi pour une raison et s'il y avait une chose qui n'avait pas changé en Elwen, c'était celle-ci : dans leur société, un druide ne pouvait réclamer son fils. Elle n'en croyait pas ses yeux, encore moins ses oreilles. Qui était passé par là pour mettre une telle idée dans la tête de Kieran !

– Par la Déesse, Kieran, tu te rends compte de ce que tu dis ?

Elle se rapprocha de lui et elle s'inquiétait encore plus pour lui qu'il n'avait de crainte pour son fils. En parler à Eranos ?! Alors, Kieran aurait le droit de reconnaître qu'il a un fils mais les autres membres de la communauté devrait rester sans père, à jamais ? Il y avait peut-être un peu de jalousie en Elwen. Pas celle que l'on observe entre deux femmes avec un rival, quelque chose de plus proche de l'envie. Levant un bras, elle désigna un endroit dans le vague, les sourcils hauts et le nez plissé. Elle n'était pas moqueuse, ni rieuse, elle avait une expression étrange. Elle avait beau sourire, sa grimace démontrait plutôt combien elle était désabusée.

– Et ensuite, quoi ? Tu veux lui apprendre à tresser des paniers ? A sculpter des roseaux ? Que crois-tu que la Dame et l'Archidruide répondront quand tu leur soumettras ta requête ?!

Elle fit un nouveau pas vers lui pour relever les yeux dans les siens.

– C'est à cause de ce que j'ai dit l'autre jour ? Voyons, sois réaliste, ce n'est pas quelque chose qui peut arriver ici ! Dans Leur monde, oui, mais pas dans le nôtre !

Mais Kieran semblait si décidé qu'il en avait l'air complètement buté. Ce que lui disait Elwen, il se l'était déjà demandé, des dizaines, des centaines de fois. Ses yeux allèrent du sol au ciel à plusieurs reprises. Il soupira et finit par reprendre la parole, la voix plus grave et rauque qu'à l'habitude.

"Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Je n'ai pas arrêté de me répéter tout ça. Comment expliquer à cet enfant que j'étais prêt à défier l'autorité de l'île, au risque de me faire bannir pour pouvoir m'occuper de lui, un enfant si jeune... Et pourquoi ce désir était si fort en moi qu'il devenait dévorant"

Il secoua la tête en bombant le torse.

"L'heure du changement est venue, n'est ce pas les paroles d'Alanna elle-même ? Depuis que cette idée est mienne, jamais je n'ai ressenti de l'agitation. Je crois que les Dieux ne verraient pas cela d'un mauvais oeil."

Il ouvrit les bras.

"Et les Dieux ne sont-ils pas les plus importants ? N'est ce pas pour eux que nous vivons, depuis notre naissance et que nous faisons nos offices ?"

Elwen ouvrit de grands yeux en désignant les habitations de l'autre côté d'un bras derrière elle.

– Il n'a peut-être pas envie que tu défies l'autorité d'Avalon, Kieran ! La Déesse a voulu que des étrangers pénètrent sur notre île, pas que nous traversions nous-mêmes le voile ! Qu'est-ce que tu espères, que Eranos va te laisser, comme ça, un druide, relevé tout une autorité vielle de plusieurs siècles simplement parce que... Parce que tu ressens quelque chose de fort ? Bon sang, Kieran, tu as reçu une punition pour m'avoir EFFLEURÉE !

Sa voix venait de monter d'un cran.

– Toute l'île se fiche de nous et toi, tu veux faire encore plus ! Tu n'en as pas assez ? A croire que tu n'appartiens pas à ce monde ! Comprends-moi ! J'essaye de te protéger ici ! Les Dieux se fichent pas mal de savoir si tu as la fibre paternelle.

Elle soupira et secoua la tête en se retournant, une main sur le front. Autant elle était sensible à son problème car elle ressentait la même chose, ces Elus leur mettaient des idées dans la tête. Autant, elle se sentait en colère qu'il ne puisse se suffire d'elle et qu'il ait besoin de la progéniture d'une autre prêtresse.

"Alors Gwidel et moi nous partirons avec les Elus."

La phrase avait été sèche, brève, froide, comme un claquement de fouet. Il ne l'avait pas encore prononcée à voix haute, il n'avait pas osé la formuler. Avalon était sa patrie, sa terre et son univers. Lorsqu'Elwen lui avait parlé de son désir de visiter le monde au delà des brumes lors d'une conversation précédente, il avait été presque choqué. Et à présent, pour son fils, il était prêt à braver l'inconnu.

"J'ai déjà gâché presque 5 ans, je n'ai vu ni ses premiers pas, ni pousser ses premières dents. Il n'y a aucun mot dans son vocabulaire pour me désigner et s'il me connaît c'est simplement comme tous les enfants, parce que je suis celui qui leur fabrique des jouets. J'en ai assez de me sentir si... Si seul, Elwen."

Il laissa retomber ses bras en signe d'impuissance.

"D'être privé des droits que le reste du monde en dehors de cette île peut prétendre d'avoir. La tunique blanche est aujourd'hui un peu trop lourde à porter. Qu'importe les punitions d'un homme, les privations et les regards en coin, que peuvent-ils bien me faire réellement ? Ils peuvent bien me bannir au nord de l'île, ils ont besoin de mes bras car nous sommes trop peu nombreux pour l'ampleur des tâches à accomplir."

Puis il se tourna brusquement vers elle pour lui prendre les mains.

"Viens avec nous. Tu avais déjà l'intention de passer le Voile de toutes façons. Bientôt le passage sera ouvert."

Elwen reçut la phrase comme un coup en pleine poitrine. Les yeux ronds, la bouche légèrement ouverte, elle le dévisagea comme s'il était devenu fou. Elle avait nourrit le désir de "visiter" cet autre monde... A aucun moment il n'avait été question de quitter Avalon ! Elle voulait seulement trouver un remède à l'île grâce à ce monde puisque les Elus ne semblaient pas posséder les réponses à leurs attentes. Alors elle irait elle-même. Mais Kieran, lui, semblait vouloir partir. Définitivement. Comment Elwen pouvait en faire de même avec tout ce qu'elle savait et tous les engagements qu'elle avait pris ! Elle leva les mains et ouvrit grande la bouche en cherchant ses mots avant d'élever la voix.

– Tu te fiches de savoir si cet enfant est le tien ou non, Kieran, tu t'attaches simplement à l'idée ! Un jour viendra, une autre prêtresse portera ton enfant et probablement l'année suivante une autre et encore une autre jusqu'à ce que tu ne puisses plus en avoir. Ce n'est pas ce garçon que tu veux mais un enfant à toi ! Tu n'as pas le droit de l'enlever à sa communauté sans le consentement des prêtresses !

Elle fit un pas en arrière, les yeux toujours ronds, la tête légèrement tournée. Elwen avait toujours attendu ce jour. Ce moment où Kieran lui demanderait de s'enfuir avec lui, de vivre une vie avec elle. Alors pourquoi tout ceci sonnait faux ? Il lui demandait de venir avec lui et l'enfant d'une autre. Il lui demandait d'abandonner sa vie, sa dévotion, sa mission... Il lui demandait d'abandonner Alanna et... Eranos, Shara, simplement parce qu'il voulait un fils ?! Doucement, elle commença à secouer la tête en pinçant les lèvres et fit un pas de plus en arrière. Jamais elle n'aurait pu croire un jour s'opposer à Kieran. Et jamais elle n'aurait même pu croire... Qu'il était dangereux. Elwen avait passé sa vie à chercher à fuir et à présent, elle devenait raisonnable ?

– Je n'ai jamais parlé de passer le Voile. Ni de quitter Avalon. On compte sur moi, ici. J'ai des responsabilités. Je suis la Gardienne d'Excalibur, la protectrice du prochain roi, je dois veiller sur l'enfant à naître. Je n'ai pas subis... Toutes ces choses au court de ma vie, je n'ai pas bravé le feu, je n'ai pas affronté les Brumes, je ne me suis pas... élevée ! Face à ma propre mère ! Pour simplement... M'en aller ? Avec toi et l'enfant d'une autre ?! Abandonner ma vie ici ? Ma famille ?!

C'était toujours lorsque l'on obtenait enfin ce que l'on avait toujours attendu... Qu'on se rendait compte que ce n'était pas ce que nous attendions.

– Mon fils... Aura besoin de moi.

D'accord, peut-être qu'Elwen s'avançait un peu. Mais de ce qu'elle avait vu, cet enfant d'Alanna serait un jour sous sa protection, il serait comme son propre fils. Et pas même Kieran ne pourrait l'écarter de cette mission. Elle baissa à nouveau la voix, visiblement profondément désolée et attristée.

– Je suis désolée, Kieran. Mais ma vie appartient à Avalon. Il n'a jamais été question pour moi de la quitter. Simplement de trouver un remède.

Kieran lâcha lentement les mains d'Elwen, le visage se fermant à toute expression comme il pouvait l'être la plupart du temps. Ainsi elle refusait, elle se détournait de lui, elle lui donnait la leçon. Elle qu'il pensait la plus proche, la plus proche de comprendre tout du moins lui refusait même le réconfort d'un peut-être. Il déglutit et acquiesça en se redressant tout à fait.

"Alors je ferai sans toi."

Et sans attendre qu'elle réplique, très raide, il se détourna pour quitter les lieux rapidement, n'écoutant plus rien que le sang qui battait furieusement à ses tempes. Lorsque plus aucun regard ne pouvait le voir faire, il se mit à courir le plus vite possible, soulevant un nuage de poussière en direction du nord de l'île, l'endroit le plus reculé. Tan t pis, il élaborerait son plan et le moment venu il serait prêt, avec Gwidel à commencer une nouvelle vie.